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L'histoire
de l'accordéon....en quelques mots.
L’accordéon
est né à Vienne en 1829. C’est un
enfant du Romantisme. Il fut le jouet des
dames dans les salons bourgeois :
son pouvoir expressif y fit fureur
d’emblée. Ensuite, doté d’un
second clavier pour la main gauche, il ne
tarda pas à descendre dans la rue, puis
à pénétrer jusqu’au fond des
campagnes.
Sa
popularité, dès la fin du XIXè
siècle, fut immense. Son industrie
battit tous les records. On en exporta
des bateaux entiers vers
l’Amérique.
Dans
le Paris de 1900, il est le roi du genre
« musette ». Il mène le bal
dans le monde entier, séduit les
chansonnier, son charme inspire les
poètes.
Cependant,
le dispositif qui a fait son succès -
les accords fixes d’accompagnement
- malgré les perfectionnements les
plus ingénieux, l’empêchent
longtemps d’accéder à la
« grande » musique,
jusqu’au jour, relativement récent,
où la possibilité de renoncer aux
accords préparés ou même leur
suppression pure et simple, permet
d’aborder tous les genres
d’écriture musicale
Impossible
de parler de l'accordéon en France sans
évoquer ce genre qui fit autant pour sa
gloire que pour sa mauvaise réputation :
le MUSETTE. Une musique adulée par les
uns, méprisée par les autres, et qui
pourtant auprès des étrangers est
synonyme de Paris, de fête, bref de la
"french way of life".
Pierre
Monichon en parle fort bien dans son
ouvrage L'Accordéon :
"Dans le monde de
l'accordéon, inévitablement, le
musette appelle l'idée de danse et
entraîne l'imagination vers les
guinguettes, les salles de bal où
les couples tournent au son d'un
petit orchestre. De nos jours le mot
évoque aussi tout un pan de "la
Belle Epoque", son insouciance,
son air de liberté ...
Il se pourrait fort bien
d'ailleurs que le musette ait
exprimé une certaine liberté pour
toute une clientèle bourgeoise,
venant oublier dans l'arrière-cour
d'un café les contraintes d'une
façon de vivre où la raison
l'emportait sur le coeur."
Le Musette et la Musette
Le
mot musette trouve son origine
dans le nom d'un instrument qui
personnifia notre musique traditionnelle.
Son succès fut tel qu'il donna son nom
à une danse populaire à la cour des
rois Louis XIV et Louis XV. Cousine de la
cornemuse, elle est composée d'un tuyau
percé de pluseurs trous et
interchangeable ainsi que d'un sac que
l'on remplit d'air avec le soufflet que
l'on actionne avec le bras gauche.
Naissance du Bal
"musette"
Cette
expression indiquait au début tout bal
donné par un orchestre comprenant au
moins une musette qui jouait le thème.
Si
les premiers bals publics parisiens
datent du début du XVIIIème
siècle, il faudra attendre le XIXème
siècle pour les voir se développer,
autant dans les faubourgs de la capitale
française qu'à sa périphérie
(Belleville, Montmartre, Ménilmontant,
...).
L'arrivée
de nombreux Auvergants à Paris n'est pas
étrangère à cet état de fait :
d'ailleurs, à cette époque, nombre de
musiciens de bals sont originaires du
centre de la France. Mais les choses vont
se gâter à l'orée du XXème
siècle, avec l'importante immigration
d'Italiens. Ceux-ci, avec l'amour de la
musique qu'on leur connait, créent
rapidement leurs propres bals, dans
laquelle la musette se voit souffler la
vedette par l'accordéon, ce qui déplait
beaucoup aux Auvergnats ! Ces derniers
vont en effet peu apprécier que
l'expression "bal musette"
devienne aussi galvaudée. Le conflit va
souvent se régler à coups de poing et
coups de couteau !
Finalement,
la musette tombe peu à peu en
désuétude, et l'accordéon prend
définitivement sa place.
Parmi
les pionniers, citons : Charles Peguri
(1879-1930), Emile Vacher (1883-1969), et
Martin Cayla (1889-1951).
Evolution du Musette
Si
ces bals ont un immense succès durant
les "Années Folles"
(1900-1914), il faudra attendre la fin de
la Première Guerre Mondiale pour voir le
genre musette prendre la forme qu'on lui
connait.
De
nouvelles danses font leur apparition :
la valse musette, la java, le paso-doble,
le fox-trot ...
Les
instruments traditionnels disparaissent
définitivement, les bourrées et autres
danses traditionnelles appartiennent
déjà à un autre âge, enterrées par
les rythmes marqués par la batterie,
devenue incontournable. Le musette
s'encanaille aussi avec la musique des
Tziganes et des Manouches : les guitares
commencent à accompagner l'accordéon.
Les
accordéonistes se font virtuoses : les
plus célèbres sont Joseph Colombo,
Albert Carrara (1903-1968), Guérino
(Tzigane qui se fit accompagner par
Django Reinhard lui-même!), Adolphe
Deprince, Michel Peguri, Vincent Marceau
... Dans les années 30, quelques
"monstres" du bouton commencent
à donner leurs premiers bals : Gus
Viseur (de son vrai nom Gustave Viseur,
1915-1977), tony Murena(alias Antonio
Murena, né en Italie,1916-1977), qui
donnent tous deux une touche swing
à leurs interprétations (ils feront
d'ailleurs
a danse
"emblème" du genre musette.
Celui-ci devient musique populaire par
excellence, galvanisant la nouvelle joie
de vivre des Français libérés.
C'est
durant cette période que les plus connus
des accordéonistes vont devenir des Princes,
Rois, Stars ... Ils ont
pour nom André Verchuren, Aimable,
Yvette Horner, Louis Corchia, Maurice
Larcange, Bruno Lorenzoni ... Pour
certains, la musique disparait derrière
les sourires béats et les grimaces. De
son côté, Jo Privat fuit une gloriole
facile pour exprimer sa sensibilité dans
un musette "manouche" que
n'aurait certainement pas renié Django
Reinhard. D'autres vont tenter de
réconcilier l'accordéon avec les
musiciens classiques. Ils ont pour nom
André Astier, Joss Baselli, Joe Rossi et
naturellement Marcel Azzolla. Ils vont
développer un genre initié par Médard
Ferrero et autres V. Marceau, que l'on
pourrait appeler, sans aucune
malveillance dans le terme, Musette de
Salon, en référence aux musiques de
salon de Chopin et Fauré. Les valses et
mazurkas deviennent des morceaux que l'on
écoute avec plaisir dans un fauteuil de
salle de concert. Durant près de trente
ans, l'accordéon va prendre une image de
plus en plus vieillotte et surtout
ringarde, véhiculée par des médias qui
préfèrent les BEATLES et les ROLLING
STONES. il faut attendre les années 90,
et notamment l'adoption massive de
l'accordéon par les groupes de rock,
pour voir cette image s'inverser.
Parallèlement arrive une nouvelle
génération d'accordéonistes de bals,
plus techniques et souvent plus musiciens
: Eric Bouvelle, Dominique Emorine et
Julien Labro en sont les plus célèbres
représentants.
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